vendredi, septembre 01, 2006

Consolidation dans le « social media » ?
Dimanche 11 décembre 2005

Yahoo vient de racheter le site vedette du « social bookmarking », del.icio.us, dans le prolongement du rhabillage « Web 2.0 » de la plupart de ses services. Une répétition du scénario, inauguré par le même Yahoo avec le rachat du site Flickr il y a à peine quelques mois, dans lequel la startup, auréolée des indispensables « tags », construite avec peu d’argent du venture capital (BV Capital et Union Square Ventures avaient participé à un tour de financement de del.icio.us en avril dernier), voire pas du tout comme dans le cas de Flickr, préfère céder tôt aux chants des sirènes Yahoo ou Google plutôt que de poursuivre la route, plus longue, de la croissance indépendante.


Le Web 2.0 est devenu un axe stratégique important dans la bataille engagée par les grands leaders Internet : Yahoo, Google, et Microsoft (peut-être peut-on ajouter AOL à cette « short list » après l’accord signé la semaine dernière avec Microsoft pour partager leurs régies de publicité en ligne). D’une certaine manière, Google avait déclenché les hostilités, en acquérant des jeunes et très jeunes pousses pour leurs technologies vite assimilées dans une floraison permanente de nouveaux services (en « Beta »). Google se concentre apparemment sur l’innovation technologique comme moteur de croissance. Sous la férule de Terry Semel, un ancien de Warner Bros. précisément, Yahoo, en revanche, veut devenir la « media company » du vingt-et-unième siècle, établie en ligne sur les deux piliers que sont le contenu et le trafic. Le Web 2.0 se situe à l’intersection, encore mal définie, des media et des technologies. Ses promoteurs peuvent tout aussi bien parler d’Ajax, de Javascript, de XML que de « social promgramming », de « folksonomy », de web sémantique – sans majuscule, justement, pour le distinguer des efforts de formalisation du W3C – de « podcasting » audio et vidéo, etc. Le Web 2.0 intéresse donc tout naturellement tant Yahoo que Google et Microsoft.


Mais le rachat de del.icio.us laisse planer quelques interrogations sur le succès réel du tout nouveau service « My Web 2.0 » lancé à grand frais par Yahoo il y a quelque temps. Réciproquement, on peut également s’interroger sur l’avance réelle de del.icio.us à l’heure où, de tout bord, bourgeonnent de nouveaux sites de « social bookmarking » - citons en vrac Simpy, Spurl, RawSugar, Digg, TailRank, Metafilter, ClipMarks – laissant à penser que la barrière à l’entrée n’est plus si élevée. Quel est alors le « business model », fort élusif, des services Web 2.0 ? Lancés en interne par les grands portails Internet, ils ont moins de succès que prévu, et, paradoxalement, lorsqu’ils sont créés de toutes pièces par des startup aux technologies astucieuses, celles-ci, fort impécunieuses, sont les premières à jeter l’éponge et à s’abandonner aux mains de ces mêmes portails (moyennant transaction en millions de dollars quand même !).


Voyons donc si ces rachats provoquent une nouvelle ruée vers l’or, précipitant les jeunes entreprises dans une nouvelle (petite) bulle, ou bien un découragement maintenant que les grands s’apprêtent à banaliser ces services innovants…

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