vendredi, septembre 01, 2006

Microsoft et le Web 2.0 : In The Mix
Dimanche 26 mars 2006

Alors que Mix06 vient à peine de s’achever à Las Vegas, quelques communiqués de presse de Microsoft font hausser les sourcils.
Premièrement : réorganisation du département « Platform and Services Division » en trois groupes (Windows Live Platform Group, Online Business Group, et Market Expansion Group) à la tête duquel est nommé Steven Sinofsky, anciennement patron de tous les produits Office et antérieurement un des « lead programmers » sur Visual C++.
Deuxièmement : annonce d’un retard dans la livraison de Vista, repoussé à janvier 2007, trop tard pour la saison de Noël 2006 ; et, aujourd’hui, annonce du retard de la livraison d’Office 2007 – conséquence du délai précédent. Annoncé au motif de l’approfondissement du contrôle et de l’assurance qualité de Vista, ce retard est généralement négativement interprété par les partenaires de Microsoft qui comptaient bien sur la nouvelle version de Windows pour accroître leurs ventes de PC neufs en fin d’année.

Bill Gates dans son « keynote » inaugural de Mix06 identifiait le thème sous-jacent de l’évolution actuelle de l’industrie des logiciels : utiliser le logiciel pour communiquer et créer des nouveaux usages (une traduction libre et personnelle de « customer experience »), ayant, en particulier, une valeur importante pour les entreprises. Il relève également les tendances incontournables dans ce genre d’exercice : le déploiement du haut débit enrichissant le Web de nouveaux contenus numériques, de l’audio à la vidéo, et l’adaptation des abstractions que représente le logiciel aux nouveaux équipements, que ce soient des décodeurs pour la télévision, des téléphones cellulaires, des PDA – à ne pas penser uniquement en terme de taille d’écrans et de claviers. Pour le Chief Architect du géant de Redmond, cela se traduit par « une nouvelle génération de navigateur » et, au-delà, par l’approche « Live Software » selon laquelle le Web et les interactions qu’il permet sont prises en compte directement au cœur de la fonction logiciel elle-même.

La version 7.0 d’Internet Explorer devra donc être exemplaire dans la richesse de l’interface utilisateur et dans la facilité à prendre en compte les nouveaux formats numériques. RSS et WS-*, la suite des spécifications XML, liées aux Services Web, jouent un rôle prééminent dans cette prise en compte, comprise du point de vue de Microsoft comme les prémices d’un Web programmable (Certains y critiqueront une vue réductrice du Web qui n’est pas qu’une plate-forme de programmation, mais pour les fabricants de marteaux, le monde est plein de clous !).

Atlas, ensuite, est le « framework » pour le développement de l’interactivité, ingrédient indispensable de la recette réussie de la « customer experience ». Le type d’interactions à la Ajax offert par Atlas se retrouvera non seulement dans la suite des applications Office – celle qui est retardée, tiens, tiens ! – mais également dans toutes les interactions avec les sites Web et, en particulier, ceux « live » hébergés en ASP. Couplé à Windows Presentation Foundation, qui consacre la transition du bitmap au vectoriel dans l’interface graphique de Windows – c’est Vista, lui aussi retardé, décidément ! –, Atlas promet les monts et merveilles de tous ces nouveaux usages. Les nouveaux terminaux et équipements ne sont pas oubliés avec une référence à Origami, lancé conjointement par Samsung et Microsoft au Cebit il y a quelques semaines, un croisement entre PDA et PC ultra-portable.

Live Software est précisément l’idée de la connexion continue des équipements clients à des services sur le Web, Windows Live pour celle du PC au Web et Office Live pour celle des entreprises au Web. Et pour bien enfoncer le (proverbial) clou suivirent deux témoignages, celui du CEO de MySpace (acquis par News Corp.) et le directeur nouveaux medias et technology de la BBC, illustratifs de ces tendances porteuses.

Au-delà de la contradiction, habituelle somme toute, entre promesses et démonstrations devant une audience technique, probablement gagnée d’avance aux idées ainsi développées, et les annonces de délais dans le développement, de difficultés inattendues dans l’industrialisation etc., il n’en reste pas moins que l’on assiste à une nouvelle démonstration de l’agilité du géant Microsoft.

Plus même qu’en 1995 où le danger Netscape/Web avait été sous-estimé mais la réorientation promptement effectuée, Microsoft démontre sa capacité à prendre en compte les évolutions des usages de la technologie devenues aujourd’hui ultra-rapides – qui parlait de blogs avant 2002 ? Et qui d’Ajax avant 2005 lorsque Tim O’Reilly, qui interrogeait d’ailleurs Bill Gates à ce même événement Mix06, inventait de toute pièce le terme Web 2.0 pour une nouvelle conférence ? Et quelle discipline dans l’organisation pour que ces orientations soient prises, respectées à la lettre et qu’elles transparaissent méthodiquement dans le développement de tous les produits Microsoft ! Parfois même au prix de quelques délais supplémentaires dans leur livraison…

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