dimanche, novembre 12, 2006

Le Web 2.0 en costume-cravate ?

Assisterait-on à une reprise en main du phénomène Web 2.0 par les grands groupes de média et les grands éditeurs ?

Prenons, par exemple, l'événement annuel Web 2.0 organisé la semaine dernière par O'Reilly Media, l'inventeur même du terme « Web 2.0 ». Premier constat : changement de nom, il ne s'agit plus de la « Web 2.0 Conference », rappelant trop le côté technologie et hacker, mais le « Web 2.0 Summit », qui évoque indiscutablement le sérieux des sommets économiques et des rencontres de politique internationale. D'Esalen à Davos, Tim O'Reilly semble pressé de faire évoluer le concept « d'architecture de participation » !

Second constat : les géants de la technologie y encombraient l'estrade. L'année dernière, l'audience n'avait d'yeux que pour les startups et les couloirs de l'exposition résonnaient des noms de Morfik, Zimbra, Sxip, 37Signals, Zoho et de bien d'autres. Il y a quelques jours, une foule plus clairsemée - à 3000$ l'inscription, le Web 2.0 devient sélectif ! - plus Blackberry que laptop Apple ou Vaio, venait religieusement écouter Yahoo!, Google, MSN, Intel, le New York Times, Interactive Corp., Amazon, et... Lou Reed !

Et quoi de plus logique après l'année Web 2.0 que nous avons connue. La boulimie de Google pour les parfois très jeunes entreprises se réclamant du Web 2.0, rachetées à peine quelques mois après leur création au nez et à la barbe des fonds de venture capital ; l'intérêt déclaré des moguls des média comme Barry Diller ou Terry Semel pour prendre position sur cette nouvelle forme de consommation des contenus avant qu'elle ne dévore les parts de marché des canaux traditionnels de la presse, de la radio et de la télévision ; le réveil brusque des VC, se précipitant sur les jeunes pousses dès leurs premières étincelles, affolés à l'idée de laisser peut-être passer un nouveau train (peut-être celui du « The Clue Train Manifesto ») ; même le vénérable Intel se jette dans la mêlée : Intel vient d'annoncer le lancement de SuiteTwo, une suite Internet collaborative pour les entreprises qui réunit des fonctions Web 2.0 d'éditeurs !

De ce côté ci de l'Atlantique, on se réveille également après les signaux avant-coureurs que constituent des jeunes pousses comme DailyMotion, Netvibes, Wikio et autres Kewego. Nous lisons, par exemple, que jeudi 9 novembre, M6 Web a fait un point sur la stratégie adoptée que l'on pourrait résumer en trois mots-clés : sites « compagnons » des émissions télé autour de M6.fr, communautés virtuelles et vidéo. Interrogé sur France Info, un responsable de M6 en expliquait les grands ressorts : « social networking », « user-generated content », communication et « egocasting ». À croire qu'il débarquait de l'avion de San Francisco le matin même. TF1 avait lancé de son côté WAT.tv, une sorte de « star-ac » du Web, et pris une participation dans Overblog.

Après tout, cette évolution est peut-être inévitable et probablement souhaitable. Autrement comment les toutes jeunes startups pourraient-elles se développer si leurs idées n'étaient endossées par les grandes entreprises du secteur et les investisseurs financiers ?

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