mardi, avril 01, 2008

Microsoft livre tous ses logiciels à la communauté Open Source

Dans un revirement incroyablement surprenant pour qui a pu suivre les déclarations réitérées de son CEO, Steve Ballmer, Microsoft vient d'annoncer la mise à disposition complète et totale de l'ensemble des codes source de la gamme Windows et de la gamme Office à la communauté Open Source. Le code source de tous les produits logiciels de Microsoft a été mis en ligne à l'URL opensource.microsoft.com, provoquant un engorgement massif des lignes de communications Internet et un ralentissement planétaire des échanges sur la Toile.

Les trouvailles des innombrables moteurs de recherche qui ont été lancés sur le nouvel URL dès ce matin tôt font la joie des blogueurs, des observateurs et de la presse informatique en ligne du jour. En effet, dans les commentaires du code, fontaines inépuisables de merveilles et puits de vérité, miroirs de la vie quotidienne du programmeur de Redmond, les mots qui apparaissent le plus souvent (en ordre de fréquence) sont : « moron » (« taré », pour ne pas dire pire), « hack », « BUGBUG » et l’inénarrable « undocumented ». Voici quelques perles tirées des bonnes feuilles (de code) :

Le fichier private\ntos\rtl\heap.c, datant de 1989, nous dit :

// The specific idiot in this case is Office95, which likes

// to free a random pointer when you start Word95 from a desktop

// shortcut.

Le fichier private\ntos\w32\ntuser\kernel\swp.c du 11-Jul-1991 est très clair :

* for idiots like MS-Access 2.0 who SetWindowPos( SWP_BOZO

* and blow away themselves on the shell, then lets

* just ignore their plea to be removed from the tray

Parmi les nombreux « morons », un aveu bouleversant dans private\genx\shell\inc\prsht.w:

// we are such morons. Wiz97 underwent a redesign between IE4 and IE5

Et dans private\shell\shdoc401\unicpp\desktop.cpp:

// We are morons. We changed the IDeskTray interface between IE4 and IE5

Quant aux « hacks » ils sont trop nombreux pour tous les citer :

private/ntos/w32/ntuser/kernel/sendmsg.c: * This hack prevents DDE apps from locking up because some

private/ntos/w32/ntuser/kernel/sendmsg.c: // Added by Chicago: HACK ALERT:

private/ntos/w32/ntuser/kernel/validate.c: ((pti->rpdesk != NULL && // hack so console initialization works.

private/ntos/w32/ntuser/kernel/mnsel.c: * We must be hacking or passing valid things.

private/ntos/w32/ntuser/kernel/mnsel.c: * Hack so we can send MenuSelect messages with MFMWFP_MAINMENU

private/ntos/w32/ntuser/kernel/ntstubs.c: * Bummer, this has never been shipped and it's hacked already

Bref le code, maintenant libre, s'il ne se distingue guère par sa haute tenue littéraire, est généralement de très bonne qualité, d'après les spécialistes, qui en poursuivent néanmoins l'analyse détaillée à la recherche, sans doute, de traces, même délétères, de contrefaçons externes. Mais là n'est probablement pas l'impact le plus à craindre de la décision l'éditeur de logiciels pour l’instant.

Dès ce matin, des rumeurs répandues sur les blogs faisaient état de coupures massives de courant dans la région d'Irkoutsk, en Sibérie, où le géant de Redmond a élevé l'année dernière un datacenter aux proportions soviétiques. Il apparait que les millions de pages du code sont partiellement servies depuis ces serveurs sibériens. Les eaux de la rivière Angara, qui sont abondamment pompées pour l’indispensable refroidissement du blockhaus bétonné, auraient vu leur température augmenter de plus de dix degrés en quelques heures, provoquant de ce fait une atteinte caractérisée à la faune et à la flore subaquatique locale. Les dégagements de chaleur du datacenter de Quincy, dans l'état de Washington, font, quant à eux, craindre une catastrophe environnementale d'ampleur inégalée à proximité de la rivière Columbia. Michael Manos, responsable Datacenter Services chez Microsoft, était d'ailleurs injoignable ce matin.

La Commission européenne se réunit en urgence aujourd'hui pour juger de l'opportunité d'une nouvelle amende pour non-respect de l'environnement qui viendrait s'ajouter à celle récemment votée, confirmant le jugement de 2004 d'abus de position dominante. Le Commissaire Neelie Kroes, visiblement excédée par la colère, à déclaré que « l'Europe ne saurait laisser un champion américain de la mondialisation libérale impunément menacer ainsi le développement durable de la société numérique en portant atteinte à l’environnement ».

De son côté, Al Gore, qui a de son propre aveu « inventé l’Internet », récent Prix Nobel de la paix 2007, a élevé la voix contre toute tentative de remise en cause du protocole de Kyoto et propose d’appliquer une « taxe de pollution » à tous les opérateurs et sites Web dont le succès entraînerait le dépassement d’un seuil de consommation d’énergie non-renouvelable.

Le gouvernement convoqué en hâte au PC de crise de l’Elysée, le studio d’enregistrement de Mme Sarkozy discrètement aménagé au sous-sol du pavillon de la Lanterne à Versailles, en appelle à un sursaut du « patriotisme économique » et une stricte application du « principe de précaution » dans une vidéo musicale postée sur YouTube – et déjà téléchargée d’office dans toutes les écoles, les mairies et les conseils régionaux.

Cependant, ans un communiqué de presse lapidaire, Ray Ozzie et Craig Mundie expliquent qu'en continuité avec la politique « d'ouverture et d'interopérabilité » annoncée en février dernier, Microsoft avait tiré toutes les conclusions de son initiative Shared Source et décidé de marquer avec force sa détermination à poursuivre dans la voie de l'Open Source. « Software Is Now A Service » est désormais la bannière sous laquelle sont distribués librement les produits logiciel de la société. On est, par ailleurs, sans nouvelle de Brad Smith, qui, d’après la Pravda, aurait rejoint le nouveau Ministère de la Justice à Moscou comme conseiller juridique de Dmitri Medvedev.

De sa retraite caritative, Bill Gates, dans une conférence de presse improvisée aux bureaux de sa fondation -- dont les rumeurs persistantes dans les milieux financiers informés indiquent qu'elle s'apprêterait à racheter l'Europe continentale, en joint-venture avec Warren Buffet, pour la transformer en musée historique, dans la plus grosse opération de LBO jamais réalisée -- a rappelé qu'il avait lui-même inventé le modèle Open Source dès 1980.

Nonobstant les protestations du contraire de hackers notoires comme Eric Raymond, Michael Tiemann, Todd Anderson, John Hall, Larry Augustin, Sam Ockman ou encore Linus Torvalds et Richard Stallman (qui se sont tous exprimés ce matin), a-t-il, en substance, commenté « c'est bien moi qui ai inventé l'Open Source ». À preuve, Bill Gates rappelle que le concept d'architecture ouverte doit tout à ses efforts héroïques et ceux de Paul Allen à l'automne 1980. En effet, se rappelle-t-il, c'est devant leur insistance qu'IBM aurait décidé de publier les interfaces du BIOS (Basic Input/Output System) développé par David Bradley d'IBM dans le cadre d'un contrat de conseil avec Microsoft signé en août 1980. Ainsi, Microsoft fut et reste le pionnier visionnaire des architectures ouvertes depuis l'origine. (Et peu importe qu'IBM, qui avait en effet mis sous copyright l'architecture matérielle de la puce BIOS, ait réfuté cette présentation des faits en insistant sur la propre politique délibérée d'ouverture du constructeur, pratiquée à l'époque pour agréger le plus grand nombre possible d'intégrateurs et de vendeurs de périphériques autour du lancement de leur nouvelle machine !)

Steve Ballmer a concomitamment annoncé l'acquisition de la société Alluvial Software, de Monte Davidoff qui est nommé COO de Microsoft (Chief OpenSource Officer) à dater de ce jour. Davidoff a fait partie de l'équipe originale qui a développé Microsoft BASIC et s'est ensuite orienté vers Unix. Il est maintenant chargé de s'assurer du respect de la toute nouvelle Microsoft Public License (MSFTPL) ouverte sous laquelle Redmond publie tout son code source. La licence interdit l'utilisation de logiciels sous MSFTPL dans des applications non Open Source sous MSFTPL. Notons qu'une partie du code de gestion du stack TCP/IP, à l'origine acquis par Microsoft auprès de la société Spider (en remplacement de Netbeui) avant d'être finalement complètement réécrit pour NT3.5, a néanmoins importé de nombreux fragments de programmes utilitaires sous licence BSD, toujours présents dans la base de code Windows. En conséquence, les termes de la nouvelle licence MSFTPL précisent que tout logiciel Open Source, sous licence BSD (et dérivées), devient de facto subsumé par la nouvelle licence. Davidoff, se prévalant de MSFTPL, a déjà menacé certaines sociétés comme Google et IBM d'empiètement volontaire sur les droits de Microsoft et se dit prêt à déclencher les foudres juridiques si un remède n'était pas trouvé rapidement à cette situation. Au NASDAQ, le cours de Microsoft (MSFT) s'est envolé de 10%.

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