vendredi, septembre 01, 2006

Géo Trouvetou : l'IGN (presque) en ligne

Dimanche 25 juin 2006

Après plusieurs tentatives infructueuses de connexion sur le site de l’IGN ce vendredi 23 juin, s’affiche dans le navigateur le message suivant :

« Vous êtes incroyablement nombreux à vous connecter sur ign.fr, le site de l’Institut Géographique National. En raison de cette affluence, le site est actuellement saturé. Nos équipes mettent tout en œuvre pour vous permettre d’y accéder à nouveau dans des conditions de navigation satisfaisantes et vous remercient de l’intérêt que vous portez à l’IGN. »

C’est en effet aujourd’hui que l’IGN ouvre au grand public son géoportail, qui promet, au travers d’une politique de communication et de médiatisation apparemment méticuleusement mûrie et préparée, de faire « mieux que Google Earth » ! En ce premier jour, c’est plutôt l’inverse : Google Earth, lui, marche...

Curieux, d'ailleurs, cette manie des services publics ouvrant leur accès au grand public via le Web d’être toujours pris par surprise par l’affluence et le trafic sur le site : la Direction générale des impôts avait joué le même scénario pour les télédéclarations, de même que l’INA avec une mise en ligne d’une partie de ses archives audio-visuelles. Quand l’IGN aura calibré ses serveurs à l’aune de l’intérêt qu’il suscite bien légitimement, on s’attend, en revanche, à voir des merveilles : cartes du territoire français avec des détails à 50 cm (deux fois mieux, en effet, que Google Earth), mix de cartes 2D et 3D, positionnement des services et des commerces, etc. En attendant, les curieux se rabattront sur l’excellent blog de Jean-Michel Billaut – une indispensable lecture – qui avait eu la chance d’obtenir une démonstration en avant première en avril dernier (http://billaut.typepad.com/jm/2006/04/connaissezvous__2.html).

En revanche, dans cette campagne médiatique plus un mot sur Zoomorama, la jeune pousse novatrice fondée par Franklin Servan-Schreiber, spécialiste des interfaces graphiques et du multimedia, passé par de prestigieuses universités américaines puis par la direction des laboratoires de recherche de Sony aux Etats-Unis, qui avait pourtant fourni la technologie de zoom et de navigation à l’IGN pour ses premières réalisations au Salon des maires en 2005 (http://www.ign.fr/telechargement/P.I/ActusAgenda/Presse/2005/CP_salonmaires.pdf). Peu après le lancement de Google Earth par la Némésis attitrée de nos édiles – on se rappelle le tollé dans le microcosme qu’avait provoqué l’annonce de Google Print – c’est pourtant bien la rencontre entre Zoomorama et les dirigeants de l’IGN qui avait servi ce catalyseur à ce projet de géoportail à base de cartes aériennes (et non uniquement de cartes satellite comme chez Google).

Tout ceci ne tombe pas par hasard dans le fil d’actualités. Google Earth a mis en ligne le 15 juin dernier une mise à jour majeure de son logiciel d’exploration et de navigation géographique. Avec, en particulier, un grand tiers du monde en résolution submétrique, i.e. équivalente à celle offerte sur le géoportail de l’IGN, et l’intégration à venir avec le service Google Maps (déjà le plus utilisé dans l’univers Web 2.0 des « mashups »). Sur les talons de son concurrent, Microsoft avait aussi lancé au printemps 2005 MSN Virtual Earth ; l’éditeur vient de racheter Vexcel Corp., spécialiste des photos aériennes et radars ; sans nul doute pour muscler son offre. Poussé par l’orgueil national, déjà passablement écorné par les temps qui courent, les patriotes économiques se devaient donc de réagir à tout prix.

Oublions donc le ton inutilement tonitruant et les rodomontades faciles (« mieux que Google Earth ») de la médiatisation du projet : l’enjeu n’est pas une simple rivalité atlantique, mais bien de simplifier l’accès et la diffusion d’informations géographiques aux citoyens et aux professionnels : par exemple pour visualiser d’une façon sommaire mais réaliste le tissu urbain, informer, simuler des risques (inondations), etc. comme le rappelle sereinement l’initiateur du projet Patrick Leboeuf.

Alors, vite ! Rajoutez des baies de serveurs

ShareThis