dimanche, avril 22, 2007

Le Web 2.0 dans toute sa splendeur à San Francisco

Pour paraphraser Mark Twain, les annonces claironnant la fin du Web 2.0 me semblent très exagérées. Il y avait longtemps, en effet, que l'on n'avait vu une telle foule - plus de onze mille inscrits à la conférence - littéralement envahir le building flambant neuf du Moscone West, au coeur de San Francisco, South of Market, dans la fraîcheur matinale pour écouter les invités de Tim O'Reilly et, surtout, parcourir les allées interminables de la première édition de l'exposition Web 2.0.

Ces derniers temps, accoler le numéro de version 2.0 au Web fait immanquablement penser qu'une Bulle de première magnitude est en préparation. Certains signes ne sauraient tromper l'observateur attentif, doté d'une mémoire dont le terme remonte antérieurement à 1999. Première indication : une foule bigarrée, alternant catogans et tee-shirts défraîchis avec costume-cravate, Grande Costa Rica Tarazu fumant dans le gobelet Starbucks à la main. Seconde indication : un agenda serré de fêtes et de « parties » improvisées soir après soir dans les galeries d'art voisines du Moscone. Comble du chic : ne venir à San Francisco que pour offir aux visiteurs de l'exposition une fête techno toute la nuit, sans participer ni à la conférence, ni à l'exposition elle-même : stratégie de Google à Davos, reprise avec succès par Netvibes ici. Troisième indication : l'insistance des organisateurs à orchestrer une « un-conference » en encourageant les visiteurs à prendre la parole sur leurs sujets d'intérêt dans un élan (spontané ?) d'inspiration. Autres indications en vrac : une liste de tags à utiliser pour la publication des photos sur Flickr et des vidéos sur YouTube, des malheureux entrepreneurs à qui l'on fait l'aumône de 6 minutes sur scène pour lancer leur startup, des lancements de salves de tee-shirts dans le hall d'exposition, des bornes WiFi à tous les étages, bref tout le dispositif théâtral indispensable à l'autocélébration de la révolution proclamée du média social !

Alors que sur scène, Eric Schmidt, pull col en V bleu ciel et cravate rose du meilleur effet, défendait l'acquisition de DoubleClick par Google dont le montant (plus de 3 milliards de dollars) défraye la chronique et provoque l'ire des deux autres prétendants au « deal », ATT et Microsoft, qui, du coup, crient au monopole - venant d'eux c'est cocasse - l'impression qui se dégageait du hall d'exposition était bien plus studieuse et pragmatique. Une foule compacte parcourait les stands où voisinaient géants de l'Internet comme Adobe et toutes jeunes startups venues du monde entier. Une idée forte se dégageait progressivement des conversations et des démonstrations menées sur les stands serrés des exposants : les technologies et l'architecture mises en oeuvre pour assurer le succès des grands sites dits sociaux du Web 2.0 devraient également se révéler particulièrement utiles pour redonner lustre aux applications d'entreprise en remettant au centre celui que l'on avait eu tendance à oublier ces derniers temps : l'utilisateur. Le « mashup » pourrait être un excellent outil pour l'informatique d'entreprise, déchargeant partiellement le département informatique du travail de présentation des données suivant les préférences et les privilèges des différentes populations d'utilisateurs de ses services, et mettant ces mêmes utilisateurs dans la position de chef d'orchestre de la personnalisation de leur propre accès aux données nécessaires à leur tâches métier.

Le contingent français était malheureusement bien réduit dans le gigantesque hall d'exposition. Pendant que Tariq Krim jouait les vedettes cinégéniques, on ne comptait guère que sur les vaillants Yoono et DreamFace Interactive pour présenter technologies et services imaginés en France pour le Web 2.0... Souhaitons que joue l'effet d'entraînement.

Et pendant ce temps là, le très sérieux MIT proclamait l'avènement de l'âge « Human 2.0 », une initiative du MIT Media Lab pour créer un être humain amélioré ! Tout sur « h2.0 » à découvrir dans un symposium prévu le mois prochain sur les thèmes : nouveaux esprits, nouveaux corps et nouvelles identités. (Déjà onze mille robots inscrits, peut-être...)

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